…Elle se fige.
Le reste du trajet se fait sans un mot.
Arrivé devant chez elle, il murmure :
— C’était pas prévu, tout ça.
— Rien ne l’est, avec toi.
Elle descend, ferme la portière sans se retourner.
Mais quand il démarre, elle reste là, sous la pluie, le cœur battant, incapable de bouger.
Quelque chose lui dit que cette fois, elle gardera le silence
Il lui lance un vague « je t’appelle » trop vite, trop vide, puis il disparaît. Et comme toujours, il ne rappelle pas.
Les jours passent. Elle se replonge dans le travail, évite les couloirs où il pourrait passer. Mais le manque s’infiltre. Pas celui du corps, non celui de leurs silences partagés, de leurs rires idiots, de cette façon qu’il avait de la regarder quand elle parlait trop vite.
Alors, quand il revient trois semaines plus tard, la barbe mal rasée, les yeux cernés, elle ne sait pas si elle doit le gifler ou l’embrasser.
Il s’excuse, maladroitement. Elle ne pose pas de questions.
Ils savent tous les deux que c’est une mauvaise idée… mais ils recommencent. Et cette fois dans la douche du bureau, pas de caresses, pas de gémissements, seulement ce frottement de corps.
Après ça ils décident de poser des règles. Pas d’attentes. Pas de promesses. Pas d’amour. Un pacte pour éviter les dégâts.
Elle rit en le signant symboliquement sur une serviette en papier qui enveloppait son lunch:
-Parfait, on fait juste l’amour, pas la guerre.
-Promis, dit-il, faussement sérieux.
Les premiers jours, ça marche.
Des rendez-vous sans lendemain, des matins sans messages. Mais la simplicité, chez eux, n’a jamais tenu longtemps.
Il commence à passer “juste pour un thé”.
Ils se retrouvent à cuisiner ensemble, à regarder un films, à se chamailler pour gouter le plat de l’autre. Et parfois leurs gestes deviennent plus tendres, leurs silences plus lourds.
Mais une nuit, il la prend dans ses bras après l’amour ce qu’on appelle after-care(cette petite attention après l’amour/le sexe qui est bien plus intense que l’acte lui même…ce baiser dans le cou, ce fessé, ces petits mots qui assurent et frissonnent). Elle proteste, mi-sérieuse :
– C’est contre le contrat, ça tu sais
-Je sais.
– Alors lâche-moi.
-t’as pas envie? Oh t’es en train de craquer…c’est contre le contrat
Et elle prend ses effets et s’en va. Il ne le suit pas.
Les jours suivants, elle remarque les petites choses : ses messages du matin, ses “passe une belle journée”, ses attentions qui ressemblent un peu trop à de l’amour déguisé.
Mais elle joue le jeu. Parce qu’avouer, ce serait tout gâcher et c’est contre le pacte.
Jusqu’à cette soirée du premier Novembre entourés d’amis et de connaissances. Ambiance détendue, animation de Titi Congo, danses,musique, rires. Il ne peut s’empêcher de la regarder comme si elle était la seule dans l’espace.
Et là, sans réfléchir, il dit :
– Bae, tu veux quelque chose à boire ?
Le mot explose comme une vérité qu’ils n’étaient pas prêts à entendre. Bae.
Pas “chérie”, pas “amie”, pas “collègue”. Bae.
Le silence qui suit vaut toutes les déclarations du monde. Elle détourne les yeux mépris ! La soirée continue.
Et le lendemain, elle ne vient pas au travail.
Pas de message. Pas d’explication. Juste une absence qui pèse.
Le pacte vient de se briser.
Et cette fois, aucun des deux ne sait comment recoller les morceaux.
À suivre…

