Nerliyou

Lanmou pa sifi

Lanmou pa sifi

Elle n’avait jamais voulu y croire.

Ni aux rumeurs, ni aux doutes, ni à ce sixième sens qui lui murmurait que quelque chose clochait. Mais la vérité a toujours le don de se frayer un chemin, même à travers les plus beaux mensonges.

Depuis le fameux soir de “Bae”, ils s’étaient éloignés.  Des regards, un sourire forcé quand ils devaient parler du travail. Elle essayait vraiment de tourner la page cette fois. Mais chaque fois qu’il entrait dans la salle, son cœur et son corps la trahissaient.

Un soir, elle craque. Elle l’appelle. Il hésite à répondre, puis décroche. Sa voix est fatiguée, presque étrangère.

— Je veux juste comprendre, dit-elle.

— Ce n’est pas le moment.

— Alors quand est-ce que sera le moment ?

Il reste silencieux.

Et ce silence-là, plus que tout, lui brise le cœur. Elle raccroche.

Quelques jours plus tard, le hasard décide encore une fois de s’en mêler. Elle sort d’une pharmacie à Delmas, distraite, et tombe nez à nez avec lui. Pas seul, avec une petite fille, d’à peine quatre ans selon moi, main dans la main. Et juste derrière, une femme les yeux cernés mais belle. La mère sûrement.

Les jours s’étaient succédé sans bruit.

Juste le travail, les mails, les réunions. Elle s’était convaincue que tout était terminé, que la raison avait enfin pris le dessus sur le trouble. Pourtant, chaque fois qu’il passait près d’elle, une odeur, une intonation, un éclat de rire… tout revenait.

Cette part d’elle qu’elle croyait éteinte se rallumait d’un simple regard.

Ils s’étaient promis de ne plus se voir. Mais les promesses, dans leur histoire, tenaient toujours aussi mal que les draps froissés de leurs nuits.

Le lendemain, il vient la chercher. Il ne parle pas, elle non plus. Le trajet se fait dans un silence lourd. Ils arrivent chez elle. À peine la porte refermée, le silence éclate.

Leurs corps se cherchent, se trouvent, C’est brutal, urgent, comme une derniere danse.

Dans la salle de bain, les gouttes d’eau glissent sur leurs peaux tremblantes. 

Quand tout retombe, ils restent assis sur le carrelage froid, les serviettes enroulées autour d’eux.

Il parle enfin.

 — La femme que t’as vue… ce n’est pas vraiment ma femme. Enfin…

— Enfin quoi ?

— C’est la mère de ma fille.

— Donc… ta femme.

Il ferme les yeux.

— Mais… elle a eu un accident. Notre fille. Une fracture grave. Ce soir-là, quand j’ai dû partir brusquement… c’était pour elle. Je ne pouvais pas ne pas être là.

Elle le regarde, muette.

La douleur se mêle à la compréhension.

— Tu aurais pu me le dire.

 — Et te perdre tout de suite ?

— Tu m’as perdue quand même.

Il baisse la tête.

— Je sais. Mais je ne pouvais pas l’abandonner. Elle m’a aimé quand j’avais rien, quand j’étais personne. Elle compte sur moi. Et ma fille… c’est ma vie.

— Et moi ? demande-t-elle dans un souffle.

— Toi… t’es ce que j’ai jamais eu le droit de rêver.

Elle sent les larmes monter, mais elle refuse de pleurer devant lui.

— Donc c’est ça, ton amour ? Un rêve coupé en deux ?

— Non. C’est un amour impossible.

Il s’approche, pose sa main sur sa joue, murmure :

— Si j’étais un autre homme, je t’aurais choisi. On peut continuer on arrangera…plus tard.

— Si j’étais une autre femme, j’aurais attendu.

Un long silence les enveloppe. Puis elle se lève.

— Il faut que tu partes.

— Laisse-moi rester encore un peu.

— Non. 

Il hésite, puis se lève à son tour.

Avant de franchir la porte, il la regarde une dernière fois, le regard plein de cette tendresse lourde, presque coupable.

— Pardonne-moi.

Elle hoche la tête, sans répondre.

Quand la porte se referme, le silence retombe.

Elle s’assoit sur le lit encore défait, et pour la première fois depuis longtemps, elle pleure sans retenue.

Pas de colère. Pas de haine. Juste la fatigue d’avoir aimé quelqu’un qu’elle ne pouvait pas garder.

Le lendemain, elle écrit dans son journal :

 “Il y a des amours qui guérissent, d’autres qui marquent à jamais.

J’ai compris que l’amour ne suffit pas à effacer la réalité. Il faut plus que ça : du courage, du timing, de la liberté. Moi, j’avais le cœur, il avait les chaînes. Lanmou pa sifi.”

Elle ferme son carnet, essuie ses larmes et sort marcher dans la lumière du matin.

Peut-être que la vie, maintenant, saura lui rendre un peu de paix.

Commentaires

2 réponses

  1. Très belle histoire la leçon que je retenue c’est de questionner où de réfléchir avant d’agir

    C’est comme mon histoire avec mon ex

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