Nerliyou

Rechute

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Trois semaines.Trois longues semaines sans un mot. Pas d’appels. Pas de messages. Juste ces silences tendus dans les réunions, ces regards volés entre deux slides PowerPoint.

Il essaie de faire comme si de rien n’était, mais dès qu’elle entre dans la salle, il perd la moitié de sa lucidité. Elle, de son côté, garde son calme du moins, en apparence. Son cœur, lui, fait des claquettes dès qu’elle entend sa voix.

Le destin, lui, adore les mauvaises blagues. Et la pire, c’est cette soirée d’entreprise organisée dans  un hôtel de la capitale un vendredi soir, avec open bar et trop d’alcool pour des gens censés rester “professionnels”.

Elle arrive, splendide, dans une robe rouge. Pas vulgaire. Juste… fatale, sexy…il la voit, s’étouffe avec son cocktail, tente de plaisanter :

— Tu veux tuer qui, habillée comme ça ?

— Toi, si tu continues à me regarder comme ça.

Rires. Silence Électrique.

Ils dansent, mais pas ensemble. Ils s’évitent, mais gravitent l’un autour de l’autre comme deux planètes trop proches pour rester sages. Puis, comme toujours, le hasard les piège : la pluie.

Une tempête de son nom Mélissa, qui fait des va et vient…Audacieuse comme dirait l’autre.

Mais soudain beaucoup de vent gâche l’ambiance en plein air. Tout le monde court vers la grande salle. Eux deux, coincés sous un abri, trempés,  riant nerveusement.

— Décidément, la météo a un faible pour nos moments gênants, dit-elle.

— Ou peut-être qu’elle essaie juste de nous mettre au sec ensemble, répond-il avec un sourire.

Elle lève les yeux au ciel, mais elle rit. Ce rire-là, il en dit tellement de choses.

La pluie ne s’arrête pas. Il propose de la raccompagner, encore.

Elle hésite. Puis monte dans sa voiture, en soupirant :

— On va encore regretter, tu sais.

— Probablement, mais ça vaut toujours le détour.

La ville est plongée dans le noir blakawout.

Ils roulent lentement, l’ambiance lourde, les éclairs dessinant des ombres sur leurs visages.

Et puis, bien sûr, une panne. La voiture s’arrête, net, dans ce coin de Petion ville, batterie morte.

 — Génial. On va finir en bwa kale dans cette rue, ironise-t-elle.

— J’espère au moins qu’ils diront qu’on était beaux, réplique-t-il.

Ils rient encore. Trop. Le rire devient silence. Et le silence devient ce qu’ils craignent tous les deux : un terrain glissant. Il la regarde, elle soutient son regard. Un mot de plus, et ils replongent. Mais c’est elle qui craque. Leur baiser, cette fois, a le goût du manque accumulé.

Le lendemain, c’est la fameuse sortie à Jacmel pour l’atelier d’équipe. Officiellement retraite professionnelle. Officieusement… personne ne sait que deux collègues ont déjà du mal à rester professionnels.

Mais le soir, Le vin coule aussi bien que la tension. Ils marchent sur la plage, se défient, s’éclaboussent, rient comme deux adolescents.Puis, sur la terrasse d’un petit hôtel, il lui masse les épaules pour “décoincer les tensions du travail”. Le contact devient un aveu.Et la nuit, un renouveau 

Au matin, tout change quand il parle d’avenir. Elle recule elle parle alors de limites. Il fuit. Leur passion est un cercle : plus ils s’éloignent, plus ils reviennent, brûlés.

Mais le vrai drame arrive le soir du retour. Sur la route vers Port-au-Prince, il reçoit un appel.

Il blêmit.

Elle entend juste :

— “Attends… quoi ? Elle est à l’hôpital ?”

Silence.

Il gare brusquement la voiture, le regard perdu.

 — Je dois y aller, dit-il d’une voix sèche.

— Qui ça, elle ?

— … Mon ex.

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